Un numérique plus sobre, mais encore loin du compte
L’Alliance Green IT (AGIT) publie la 4e édition de son Baromètre des pratiques Green IT en France. Basée sur 588 réponses issues d’organisations de toutes tailles et secteurs, cette étude fait le point sur la maturité des entreprises en matière de numérique responsable. Si la prise de conscience progresse, la mise en œuvre concrète reste encore inégale.
Des intentions qui peinent à se transformer en actions
Le numérique responsable est aujourd’hui davantage connu, mais toujours perçu comme un sujet complexe et technique. Le taux élevé de réponses « Je ne sais pas » sur des questions simples (comme le nombre de serveurs ou la consommation énergétique) reflète un manque de pilotage structuré et de culture numérique responsable dans nombre d’organisations.
Seules 28 % des entreprises évaluent l’impact environnemental de leur système d’information dans sa globalité, y compris les services hébergés chez des tiers.
Le cloud : entre illusion de l’infini et besoin de reprise en main
L’usage du cloud est désormais massif : plus de 75 % des entreprises y ont recours, principalement pour la messagerie et le stockage. Mais cette dématérialisation s’accompagne d’une perte de visibilité sur la volumétrie des données stockées. Résultat : moins de 40 % des grandes entreprises connaissent réellement le volume de données qu’elles hébergent.
Fait intéressant : 50 % des grandes entreprises prévoient néanmoins d’augmenter le nombre de serveurs physiques, signe d’un possible ralentissement du « tout cloud » au profit d’une meilleure maîtrise des infrastructures internes.
Impression, achats, data centers : des progrès mesurables
Historiquement plus matures, les pratiques liées à l’impression progressent encore : 83 % des organisations appliquent les éco-gestes de base, et 64 % collectent leurs cartouches d’encre usagées, en conformité avec la réglementation DEEE.
Côté data centers, l’adhésion au Code de conduite européen augmente, tout comme l’adoption de technologies sobres comme le freecooling ou le confinement des flux d’air. Le nombre de centres ayant un PUE inférieur à 1,6 a triplé depuis 2020 (passant de 10 % à 35 %).
Des achats encore trop peu responsables
Malgré une amélioration, moins de la moitié des organisations prennent en compte des critères environnementaux ou sociaux dans leurs achats informatiques. Seules 36 % des entreprises les intègrent dans leurs appels d’offres, et le recours au secteur de l’insertion reste marginal.
L’indice de réparabilité des équipements commence à émerger comme critère, mais reste peu utilisé. Pourtant, la réparation plutôt que le remplacement est aujourd’hui privilégiée par 76 % des organisations, preuve que les leviers existent.
Conclusion : un appel à l’action plus que jamais nécessaire
Ce baromètre rappelle que le Green IT n’est pas une option, mais une condition d’un numérique plus soutenable. Il ne suffit plus de sensibiliser : il faut structurer, outiller, former et intégrer le numérique responsable au cœur des stratégies RSE. À l’heure de la CSRD et des impératifs climatiques, chaque organisation, quel que soit son secteur, a un rôle à jouer.